Jonas n° 98
Zoom sur : la beauté du célibat sacerdotal !
« Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime »
Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis »
Évangile selon Saint Jean 21,17
La Lumière de la Résurrection nous permet de regarder ce monde comme étant sauvé par la puissance de l’amour. Heureusement…
Car sans cette lumière les ténèbres auraient beau jeu de nous appeler vers elles.
Parmi les ténèbres du moment, il y a le péché commis par des membres du clergé, diocésain ou religieux.
Certains, qui devraient être le visage de la miséricorde du Père, se révèlent visage de la violence du malin.
On pourra toujours argumenter en disant que ce ne sont que quelques unités parmi des milliers de pasteurs – et c’est vrai heureusement– mais même s’il n’y en avait qu’un, cela serait déjà trop.
Cette trahison de la confiance, de l’innocence, de la pureté des enfants est abjecte. C’est aussi la trahison d’une consécration. Et ceux qui ont commis de tels actes en répondront devant Dieu ainsi que ceux qui s’en font les complices avérés. Nous pouvons implorer pour eux la miséricorde divine pour qu’ils demandent pardon.
Mais notre miséricorde à nous doit se manifester par une attention particulière aux victimes. Notre prière les accompagne. Et les portes de nos Églises doivent leur être grandes ouvertes pour les consoler effectivement.
Vaincre les ténèbres, c’est donc vivre cette compassion avec les victimes, c’est faire un état des lieux de nos pratiques ecclésiales en vérité. C’est s’engager toujours plus sur le chemin de la conversion.
Mais c’est aussi poursuivre le combat pour l’éducation affective et sexuelle, au milieu d’une société qui vend de l’intime comme n’importe quel produit commercial, qui brouille les repères affectifs et sociétaux.
C’est aussi refuser cet amalgame odieux et blessant entre célibat sacerdotal et perversité sexuelle. Les crimes de certains ne doivent pas nous faire perdre de vue la beauté de la vie donnée et consacrée. Que le Seigneur nous donne la grâce d’avoir de saints prêtres tout donnés pour le royaume.
Belle et joyeuse lumière pascale à tous.
P. Benoît+
La beauté du célibat sacerdotal :
un don de Dieu pour l’Église
Pourquoi les prêtres sont-ils célibataires ?
Jésus était lui-même célibataire. Il était donné à tous et pas à une personne en particulier. Souvenons-nous de la manière dont il empêche Marie-Madeleine de mettre la main sur lui, comme l’amoureuse du Cantique des cantiques.
Jésus a dit qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Cf. Jean 15.
Ailleurs, il dit aussi qu’il y a des hommes qui se font eunuques pour le Royaume des Cieux (Mt 19,12). Il ajoute d’ailleurs « Que celui qui peut comprendre ceci, le comprenne ». Il est vrai que cet appel à la consécration dans le célibat est une telle révolution par rapport au culte de l’enfantement lié à la promesse faîte à Abraham de lui donner une grande descendance, que ce n’est pas facile à comprendre pour les gens de l’époque… ça n’a pas tellement changé !
Oui, mais à quoi ça sert ?
En soi, ça ne sert à rien, c’est gratuit, si ce n’est à manifester deux choses :
- Un don total de soi. Le prêtre est tout donné pour le peuple qui lui est confié.
- L’annonce du royaume de Dieu, dont Jésus nous dit qu’il sera un état apparenté à celui des anges. Cf la controverse avec les sadducéens à propos de la femme aux multiples maris.
Alors, pourquoi les pasteurs protestants peuvent-ils être mariés ?
Parce qu’il ne sont pas tout donnés. Le pasteur ne fait pas le don de sa vie. Il est un employé de sa communauté. Il peut être pasteur pour un temps donné et redevenir boulanger…
Il peut être un excellent prédicateur, un très bon guide pour sa communauté, mais il ne lui fait pas l’offrande de sa vie. Et il n’en a pas besoin d’ailleurs car il ne célèbre pas la messe.
Or dans la messe, le prêtre prête tout son être au Christ pour qu’il puisse, à travers lui, dire « ceci est mon corps livré pour vous ». Dans la messe, le prêtre figure le Christ époux de l’Eglise qui donne sa vie. Ce qui n’est pas du tout le cas dans la cène protestante.
Oui, mais les catholiques orientaux peuvent être mariés ?
C’est vrai, mais les évêques sont toujours pris parmi les célibataires.
Les orthodoxes insistent, à raison, sur le verset de la Genèse qui dit « il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Donc, soit on est prêtre marié, soit moine en communauté.
En occident, on a privilégié au fil des siècles le célibat comme convenant au don de soi.
Donc, vous êtes seuls ?
La sagesse humaine et spirituelle invite effectivement à ne pas être seul.
La solitude peut être pesante si le célibat n’est pas enraciné dans une vraie vie spirituelle et dans de vraies amitiés.
La sexualité active n’est qu’une modalité de la vie relationnelle des personnes. Si la vie relationnelle est bien remplie et épanouie, le célibat ne pose pas plus de problème que cela à partir du moment où il est choisi et où il a du sens…. Sauf éventuellement si ce sens n’est pas reconnu par les autres : alors, ça peut être une souffrance !
Il n’y a rien qui vous manque ?
Le manque fait partie de la vie. Ce serait illusoire que de dire qu’il n’y a pas parfois des manques. Le tout, c’est de le savoir, de bien se connaître soi-même, d’avoir un équilibre de vie, et de savoir sublimer le manque, non pas dans une mystique désincarnée mais dans une vie spirituelle enracinée dans la vie et dans d’autres réalités humaines épanouissantes comme l’art, le sport, le rapport à la nature…
Et les enfants ?
Il est vrai que ne pas avoir de descendance est un vrai sacrifice. Mais il y a d’autres manières d’engendrer à la vie, de transmettre. A travers les sacrements, les rencontres, la prédication, la fraternité, les espaces sont nombreux pour donner la vie. Et puis, pour ma part, Dieu m’a fait cadeau de nombreux filleuls et c’est une vraie joie. Il ne faut pas faire de confusion ni de transfert inopportun, mais c’est une joie…
Ne pensez-vous pas que les problèmes actuels de pédophilie soient liés au célibat ?
Ce serait faire injure aux millions de personnes, célibataires, séparées, veuves, qui vivent parfois douloureusement mais chastement leur célibat. Un célibataire n’est pas un monstre.
Et puis, il ne faut pas oublier que 80% des actes odieux dont vous parlez sont commis dans la cellule familiale, y compris parfois par des femmes !
Donc, Père Benoît, vous êtes heureux ?
Oui… vraiment. Donner sa vie est la plus belle chose qu’un humain puisse faire.
J’espère qu’au terme de ma vie, des personnes pourront dire que Dieu a pu leur parler à travers cette vie donnée.
J’espère aussi que les communautés chrétiennes vont enfin comprendre la beauté du don qui leur est fait par le Seigneur. Car, comme le dit saint Grégoire de Nazianze « c’est toi Dieu de paix qui fais de moi un don pour mes frères ». C’est Dieu qui nous donne à un peuple, nous ne faisons qu’accepter d’être donnés par lui.
Et j’espère que ce don ne manquera jamais à l’Église…
Jeunes levez-vous ! Parents n’ayez pas peur ! Parlons-en en famille avec joie !