Les compagnons scouts témoignent de leur expérience
L’expériment long est une proposition phare de la branche ainée des Scouts et Guides de France. Les compagnons élaborent, mettent en œuvre et vivent une action de solidarité internationale à l’étranger, à petite échelle certes, mais riche de l’échange qu’elle va permettre entre les compagnons et leurs partenaires. Pour être une réelle expérience scoute, l’expériment long comporte les quatre dimensions suivantes : vivre en équipe, progresser personnellement, aller à la rencontre et agir en partenariat.
Trois équipes du groupe SGDF Guy de Larigaudie sont parties cet été et témoignent ici de ce qu’elles ont vécu. Voici quelques extraits de leur témoignage.
Venez surtout échanger avec eux le samedi 3 octobre à 20h30 à la Maison Paroissiale.
Victor.G, Martin, Marwan et moi même (Victor.N) débarquions sur l’île de Lanka dans le cadre des Scouts et Guides de France (SGDF) de Noisy le Roi. Nous avions le projet, maintenant réalisé, de construire une maison/cuisine dans la région D’anuradhapura, située dans le nord de l’île, touchée en début d’année par de fortes inondations.
Afin de témoigner en peu de mots de notre voyage, et de rendre compte du magnifique accueil ainsi que de la relation que nous avions avec la famille et les sœurs, je me propose de vous en conter une journée type sur le chantier.
Il est 6h15 quand Sister Sahayamary (notre contact sur place) vient toquer à nos chambres respectives situées à l’étage d’une salle de classe. Nous descendions ensuite prendre le petit déjeuner soigneusement préparé par les sœurs de la communauté.
Nous sortions ensuite, direction le bus pour une heure de trajet à travers la ville et ces nombreux lieux de cultes puis la campagne Sri Lankaise dans laquelle singes, paons et vaches sacrées s’éveillent. Nous arrivions au chantier vers 9h. La famille, déjà réveillée, est venue nous accueillir chaque matin : « haibohan, comode ? yesu pitaï… ». Cette famille se compose d’une grand-mère, de ses 5 enfants plus une adoptée, et d’un ou deux petits enfants. Après avoir répondu aux sourires de toute la famille, nous commencions à travailler. Nous avions comme chef de chantier deux Sri Lankais d’une quarantaine d’année : très expérimentés et ravis de nous transmettre un peu de leur savoir.
Il est 10h, « tea time », 13h « lunch time » et 15h « tea time.. -again !? » Tous les repas étaient préparés par la famille qui avait improvisé une cuisine extérieure bien peu pratique en période de mousson.
Le projet avance vite, la famille est ravie et nous aussi. En deux semaines de chantier, nous avons tissés de forts liens avec eux. Dès qu’ils le pouvaient, ils nous faisaient découvrir un peu plus leur culture et leur vie à travers certaines balades en moto ou bien juste, certaines paroles échangées. C’est dans leur regard à tous, lors de la pendaison de crémaillère -qui est d’ailleurs plus une bénédiction de la maison- que nous avons pu voir à quel point cette construction leur était précieuse. Leurs remerciements et notre émotion à ce moment ne sauraient même pas exactement témoigner de la force de ce que nous avons vécu, et les mots me manquent pour vous le conter.
Vers 17h, nous faisions le trajet retour souvent exténué par les travaux accomplis. Après une douche et une pause lecture pour tout le monde, nous retrouvions les sœurs pour le diner. D’abord il fût compliqué et presque mal vu de venir les aider en cuisine ou bien même à débarrasser, mais petit à petit chacun a pris sa place et nous réussissions à participer de plus en plus. Certaines soirées furent mémorables, animés par des débats (en anglais s’il vous plaît !) sur certains sujets comme les couples homosexuels et leur mariage ou bien encore le mariage des prêtres ou des sœurs.
Nous nous couchions vers 23h après un conseil d’équipe, prêt pour la journée du lendemain.
L’équipe MVVM.
Nous sommes une équipe de 7 compagnons, branche ainée des Scouts et Guides de France, et nous sommes tous âgés de 19 ans.
Après 2 ans de travail et de préparation, nous nous sommes rendus en juillet 2015 dans l’Arunachal Pradesh, région située tout à l’est de l’Inde, où nous avons été accueillis par une population de culture tibétaine et bouddhiste. Nous avons vécu 3 semaines dans une école himalayenne d’inspiration bouddhiste qui offre aux enfants de cette région un accès à une éducation de qualité malgré le désintéressement des autorités pour cette enclave indienne. Sur place, nous organisions nos journées comme tel : le matin nous faisions de la réfection dans les salles de classes et avons ainsi nettoyé et repeint 7 classes, dont 2 ont été décorées avec des fresques. L’après midi, nous partagions avec les élèves des moments de jeux, de danses et de chants, et nous les aidions également durant leurs heures d’étude en anglais et en mathématiques. Nous nous sommes beaucoup attachés aux enfants ainsi qu’à l’équipe pédagogique, et allier ces rencontres à une aide matérielle nous a comblés. Notre voyage s’est terminé avec 1 semaine de découverte des trésors de cette région isolée et méconnue.
Cette rencontre interculturelle et interreligieuse nous a ouvert l’esprit et nous a fait grandir; ce projet de solidarité internationale est une expérience enrichissante et inoubliable que nous souhaitons à tous de vivre!
Nous vous raconterons avec plaisir nos aventures lors d’une soirée témoignage le samedi 3 octobre 2015 à 20h30 à la maison paroissiale de Bailly.
L’équipe Compastyle du groupe SGDF Guy de Larigaudie de Noisy/Bailly
Charlotte L., Marie L., Mayeul B., Laure van der W., Constance B., Maxime L. & Léa V.
1er Juillet 2015 : Jour J, grand départ, destination Manille.
Pour nous ce sera les Philippines cet été. Cela fait un peu plus d¹un an
que Charlotte, Marie, Nolwenn et moi montons notre projet humanitaire,
avec l¹aide de nos parents accompagnateurs. Nous avons toutes les quatre
pensé spontanément à cette destination lorsque nous avons commencé nos
recherches. Nous sommes toutes touchées par la pauvreté qui y réside, la
détresse d¹une grande partie de la population, mais également attirées
par les magnifiques paysages, l¹appel de l¹étranger et de l¹aventure.
Nous serons bénévoles pendant trois semaines pour l¹association Bahay
Tuluyan, qui s¹occupe de recueillir, d¹accompagner des enfants et jeunes
adultes qui vivent dans la rue, qui sont maltraités, et souvent victimes
d¹abus sexuels. L¹association agit à plusieurs échelles, touchant
différentes catégories de personnes, développe divers programmes,
adaptés en fonction des besoins de chacun. Il existe trois centres grâce
auxquels l¹association agrandit son territoire de manoeuvre.
Celui de Manille, où nous passons la première semaine, en est le coeur
administratif. Nous participons à plusieurs activités auprès des
bénévoles de l¹association, au « drop-in center », un endroit où les
enfants viennent à la journée, et où ils peuvent se doucher, jouer, se
reposer, avoir un repas completŠ Pendant ces quelques jours à Manille où
nous avons du temps pour visiter la ville, nous accompagnons également
lors d¹une après-midi les membres de l¹association au bidonville de
Tondo, le plus dense d¹Asie de l¹est. Nous vivons cette expérience comme
un véritable traumatisme et un moment fort de notre expériment. Nous
nous heurtons violemment à la réalité de nombreuses grandes villes en
développement : les écarts astronomiques de richesses, qui font que tant
de personnes vivent dans ce cadre de pourriture et horreur visuelle,
sonore, odorante tandis que d¹autres contemplent la ville depuis le
50ème étage d¹un des grattes-ciel du centre huppé de Manille. Nous sentons un sentiment d¹impuissance et de rage, et mettons notre bonne volonté au
service des activités organisées par l¹association pour les enfants du
bidonville.
Peu après nous partons pour Laguna, le deuxième centre de l¹association,
qui se trouve plus « à la campagne », au sud de Manille. Nous nous
délectons du calme dans lequel nous entrons peu à peu, laissant derrière
nous le bruit rutilant de la ville, mais également des paysages plus
verts de montagne, de l¹air moins pollué, des villages colorés que nous
traversons, cependant toujours marqués par cette pauvreté omniprésente.
Nous resterons deux semaines auprès des 47 enfants de Laguna. 44 filles,
et 3 garçons, dont deux en bas âge et un petit garçon autiste. Nous
avons alors vraiment le temps de tisser des liens, de nous plonger de façon
plus complète dans la culture philippine, dans les coutumes, la façon de
vivre et même de voir les choses. Nous savourons ces rapports
privilégiés avec ces enfants, tous plus beaux et enjoués les uns que les autres, ravis que nous prenions de notre temps pour jouer avec eux. Nous les emmenons le matin à l¹école, nous prenons les repas avec eux, nous
passons du temps avec eux, nous les accompagnons à la messeŠ Nous vivons
au travers de ces moments d¹échanges de véritables remises en question,
nous nous rapprochons beaucoup toutes les quatre, nous discutons,
débattons, parfois nous sommes en désaccord, nous échangeons, nous
grandissons ensemble.
Nous profitons aussi d¹une visite au troisième centre de l¹association à
Quezon, pour participer à la récolte du riz, comme de vraies
philippines.
Le riz a d¹ailleurs été notre aliment de base pendant ces quatre
semaines. La cuisine n¹est pas le fort des philippins, même si nous
avons goûté à plusieurs repas délicieux, nous avons un taux d¹expériences
culinaires catastrophiques plus élevé. Nous en rions maintenant, mais
que n¹aurait-on pas donné pour un morceau de baguette et un bon bout de
camembert à certains jours !
Enfin bref, vivre au contact de ces enfants et du personnel bénévole qui
les entoure a vraiment été enrichissant pour nous, nous prenons
conscience de beaucoup de choses, notamment sur notre mode de vie, de
pensée, de voir les choses. Nous étions heureuses de nous avoir les unes
les autres pour les moments difficiles mais également pour les bons
moments, qui nous rapprochaient d¹autant plus. C¹est ce genre
d¹expérience que l¹on ne vit qu¹une fois, mais qui nous marque et dont
on se souvient à vie. Ca permet de retrouver ce qui est vraiment important.
Lors de notre dernière semaine, nous avons fait un petit périple
itinérant, nous sommes allées sur l¹île de Palawan, où nous avons pu
apprécier une autre facette des Philippines : la nature magnifique et
luxuriante. Nous avons eu à plusieurs reprises des petites peurs, se
retrouvant au fin fond d¹une campagne, après 3 heures de route, et
s¹apercevant que le lieu de notre réservation était introuvable, par
exemple. Ou encore quand Charlotte s¹est fait mordre par un lion fish,
poisson venimeux des eaux chaudes, sur une île déserte à part une
vieille femme locale qui a appliqué sur la morsure une pierre absorbante de
venin, pendant que notre guide mâchouillait des algues soulageantes
qu¹il était allé cherché pour appliquer sur la peau de Charlotte.
Bref, un mois gorgé d¹aventures, riche en expériences, en rencontres, en
émotions, en fous rires, en pleurs, en découvertes des autres et de
soi-même, en liens renforcés, en espérances fondées. Participer, ne
serait-ce qu¹un peu comme on l¹a fait, au fonctionnement d¹un organisme
qui veille à faire le bien, à répandre les sourires, était pour nous
d¹une grande importance. Nous avons donné, et nous avons tellement reçu.
Ce voyage nous a, je pense, toutes changées, fait évoluer. Thank you
Bahay Tuluyan.